Chronique d'histoire : Deux pompiers mentonnais MORTS au FEU, il y a 80 ans

Avant-Guerre, fiers de servir sous les ordres du capitaine Marius FERAUD, ils armaient, avec leurs camarades, les deux engins du Corps : un premier-secours et une ambulance ; matériels renforcés depuis 1937 par une camionnette Renault tractant la motopompe acquise en 1938.

Source : SP Menton

Dans cette seconde guerre mondiale, ils avaient vécu :

-L’exode liée à l’évacuation préventive de la population mentonnaise le 3 juin 1940. Partis pour Nice avec leurs matériels, nos pompiers étaient ensuite dirigés vers Cannes.

-L’occupation de leur caserne par les armées de Mussolini dont les pompiers assuraient maintenant le service incendie en ville.

-Le retour d’exode de 500 réfugiés, en octobre 1940, où nos pompiers, restés ou revenus en ville, avaient choisi d’aider… et pour cause Jean FARCHETTO, nommé au milieu du chaos, était devenu chef de corps par intérim…

-La retraite des armées italiennes le 9 septembre 1943, où malgré le rétablissement de la souveraineté de « l’Etat-Français » les militaires allemands étaient venus rapidement remplacer les occupants précédents.

Source : Archives SDIS06

Et puis les interventions : l’explosion d’un dépôt de munitions dans « le Carei » et ses 15 immeubles détruits le 2 octobre 1943, les bombardements aériens des 16, 23 et 25 août 1944 puis le bombardement naval du 4 septembre 1944 qui laissent la ville exsangue, détruite à 85 %.

Après une nouvelle évacuation des populations en février, le printemps 1945 allait, dès la mi-mars, voir poindre les heures de la libération mais dans le massif de l’Authion, on se battait encore et la ville pilonnée était encore meurtrie.

Source : Archives départementales des Alpes-Maritimes

13 juillet 1945… Menton s’apprête à célébrer le lendemain la fête Nationale sur son sol libéré… Par une chaude matinée d’été, un feu de forêt embrase le quartier Bellevesaces. Avec quelques volontaires, l’adjudant FARCHETTO et le caporal BASSILANA luttent contre les flammes dans ce terrain encore marqué par les bombardements.

L’explosion d’une mine atteinte par le feu, leur est fatale, Jean FARCHETTO décède sur le coup, Ernest BASSILANA, affreusement blessé et transporté sur Monaco le rejoint dans la mort quelques heures plus tard.

C’était, il y a 80 ans, jour pour jour.

Source : SP Menton

Leurs Noms, gravés dans le marbre du Monument du centre de secours pour la mémoire des hommes, viennent se rajouter au long nécrologe de ces sapeurs-pompiers Morts au cours du second conflit mondial.

Ironie du destin ou lien symbolique qui peut appeler à la réflexion, Jean FARCHETTO et Ernest BASSILANA sont décorés pour acte de courage et dévouement à titre posthume le 1er novembre 1945…

Source : BNF - journal officiel de la République Française du 1er novembre 1945

Jean FARCHETTO avait 45 ans, Ernest BASSILANA venait, le matin même, de fêter ses 36 ans.

Morts dans  le devoir, ils laissaient six orphelins…

Aujourd’hui, à nous de préserver et faire vivre leurs mémoires !

Alain Bertolo

13 juillet 2025