Chronique d'histoire : 1994 – mémorable année…

Publié le 06 novembre 2024

Décidément cette année 1994 fut bien peu clémente pour les pompiers maralpins qui, rappelons-le, avaient déjà vécu les difficiles inondations d’octobre 1993.

 

Un début d’année 1994 marqué par un premier « plan rouge » que j’ai évoqué dans une précédente publication : l’effondrement de la dalle du super-marché Nice-Ferber le 26 janvier. Un drame qui cause la mort de 3 victimes et implique des soins à 94 personnes blessées ou impliquées.  

 Puis était venu, le second « plan rouge », ce 26 juin 1994 où les pluies diluviennes gonflant la Siagne et la Frayère entrainaient des torrents d’eau et de boues touchant Auribeau, Cabris, Escragnolles, Pégomas, Peymeinade et Saint-Vallier. 

 Ce jour-là, aux 370 pompiers maralpins se joignaient les pompiers varois, les renforts nationaux et 4 hélicoptères. Au bilan : plus de 750 habitations plus ou moins atteintes par les éléments.

 

Plan de travail 1Source : Service communication SDIS06

 

| 11 août 1994, l'aposcalypse change de visage |

 Se développant à une grande vitesse sur une pente montante boisée, le feu encercle le village de Bonson et enflamme 2 toitures. 400 pompiers dont 274 maralpins et 40 forestiers arrivent à éviter le pire, renforcés par un imposant dispositif aérien : 11 avions bombardiers d’eau et 7 hélicoptères dont 2 bombardiers d’eau. 4 pompiers sont blessés, 2 camions de lutte contre le feu sont détruits par les flammes qui dévorent 516 hectares, mais le village est sauvé.

 

Plan de travail 2Source : Service communication SDIS06

 

12 août 1994, 13 h 21, alors que la lutte contre le feu de Bonson continue, nouvel assaut des flammes à Falicon où des habitations sont menacées. Le détournement des moyens aériens vers ce « feu naissant », attisé par un vent violent, et l’envoi d’un important dispositif terrestre permettent de limiter ce sinistre à 113 hectares.

L’extinction de ces deux feux nécessite de longs jours et alors que nombre des 600 pompiers de France venus en renforts pour ces sinistres sont progressivement désengagés, une colonne de la région Rhône-Alpes reste en réserve à Cagnes-sur-Mer.

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31 août 1994, les pompiers interviennent 262 fois en quelques heures : une tornade dévaste l’est du département. La tempête provoque chutes d’arbres ou poteaux, inondations de routes, habitations et oblige l’évacuation d’un camping. Un noyé malheureusement décédé est repêché dans le port de Saint-Laurent-du-Var. 48 heures plus tard, nouvel épisode intense : les secteurs de Cagnes, Nice et Vence subissent une tornade de grêle qui détruit serres, voitures, toitures et végétation.

 

Plan de travail 3Source : Service communication SDIS06

 

Puis le samedi 5 novembre… vient l’un de ces jours où la folie de Dame Nature dévaste et engloutit sous des flots furieux ou des torrents de boues et rochers. Le quotidien Nice-Matin titre, le lendemain : « le chaos des crues ». Dans quasiment tous les secteurs du département les cours d’eau grossissent et débordent.

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Le débit du fleuve Var est estimé à 1 000 m3/seconde, en plus des ravinements de berges, il envahi l’autoroute et le centre administratif départemental. La voiture du capitaine BOUILLON, officier envoyé à la cellule de crise préfectorale est submergée… et il faut attendre la lente décrue pour la retrouver.

 

Plan de travail 4Source : Service communication SDIS06

 

Privé d’électricité, le « CADAM » n’est plus que très difficilement accessible, et sur la proposition du colonel CALATAYUD, directeur départemental du SDIS 06, la cellule de crise est déplacée sur notre état-major de Villeneuve-Loubet.

En milieu d’après-midi, le préfet Maurice JOUBERT déclenche le plan « OR.SEC ».

Pour que le lecteur de 2024 se fasse une idée de la situation :  l’aéroport de Nice paralysé, un temps privé d’électricité est fermé, il ressemble à une île et dans ses parkings, les voitures émergent partiellement d’une masse liquide boueuse.

A hauteur du centre administratif départemental, sur l’autoroute submergée, des « naufragés » demandent assistance.

De nombreuses routes et ponts sont emportés tant sur le réseau routier que sur la voie ferrée « Nice-Digne ».

Partout où les vagues déferlent : maisons inondées, voitures emportées, berges arrachées et de nombreuses coupures d’électricité et téléphone.

Au CODIS qui gère le suivi de l’engagement de 450 sapeurs-pompiers, le Lieutenant-Colonel GUIDI prépare les missions de reconnaissance qui permettront dès le petit matin de tenter de rejoindre les cités isolées de nos moyen et haut-pays d’où les rares informations arrivent souvent via les réseaux radio des pompiers, gendarmes ou radioamateurs. 

 

Plan de travail 5Source : Service communication SDIS06

 

Puis vient le temps où comme à Colomars en 1982, comme à Lantosque ou Breil en 1993 ou comme quelques mois plus tôt à Auribeau, s’organisent, pour nos pompiers, les opérations de pompage, assèchement, enlèvement des boues, assistance aux sinistrés.

A nos traditionnelles motopompes s’ajoutent des pompes de grande puissance venues parfois de loin. Notre SDIS fera par la suite l’acquisition de tels moyens de pompage.

Peu à peu notre département cicatrise…

 

| Quelques bouts d’histoires |

 Il y a des moments qu’il faut essayer de garder dans notre « mémoire corporative » tel ce sauvetage à Caussols, où, encordés, 3 pompiers affrontent le courant pour sauver un homme prisonnier de son véhicule.

Ou bien, celle de ces pompiers, plongeurs ou sauveteurs, qui empruntent l’autoroute… en zodiac…

Et puis, celle de Patrick CRIBIER, pilote de l’alouette III rouge de la Sécurité civile qui vient dans la tempête treuiller sur l’autoroute le conducteur réfugié sur le toit de la cabine de son camion-citerne emporté par le courant… Ces images feront le tour de France, relayées par les journaux télévisés du soir.

Ou encore, celle de ce jeune adjudant, parti tôt le matin avec son officier, mission : rejoindre Puget-Théniers.

Une épopée routière via Vence, Coursegoules, Bezaudun, Roquestéron et Sigale. 5 heures de trajet ponctuées par de fréquents arrêts, pelle à la main au côté des agents des routes.

Arrivés sur place par le col de Saint-Raphaël : contact avec les secours locaux, les élus, estimation des besoins, reconnaissances et compte-rendu… Ici, comme dans bien des endroits la situation est difficile, un quartier entier est envahi par l’eau et la boue, la RN 202 comme la voie ferrée sont dévastées.

 

Plan de travail 6Source : Service communication SDIS06

 

Nos deux hommes y restent 3 jours et pour se reposer un peu bénéficient d’un lit dans un pavillon hospitalier de… gériatrie.  Ici, au contact humain se rajoutent quelques vieilles histoires, témoignages oraux des caprices passés du fleuve Var. 

Alors que nos pompiers maralpins épaulés par de nombreux autres corps, services, entreprises privées, continuent d’œuvrer, ils apprennent le 17 novembre 1994, l’attribution collective d’une médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement accompagnée de la citation suivante :

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"Considérant que l'ensemble des Sapeurs-pompiers du département s'est particulièrement distingué en assurant ou en apportant sa contribution aux opérations de secours mises en place lors des inondations et des feux de forêt qui ont touché les Alpes-Maritimes en octobre 1993, juin, août et septembre 1994." 

Intense année pour nos pompiers…      C’était… Il y a juste trente ans…

 

                                                                                                          Alain Bertolo

                                                                                                          4 novembre 2024

 

 

 

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