Chronique d'Histoire : Il y a 50 ans, les feux du milieu de mois d’août 1974
Publié le 14 août 2024
Partons, ensemble, pour un saut arrière vieux d’un demi-siècle.
Nous sommes en août 1974 et cette semaine du 10 au 18 août va largement mobiliser les sauveteurs pour lutter contre les feux de forêts. Triste répétition, elle rappelle l’année précédente et ses 3 200 hectares de végétation dévastés entre le 1er et le 21 août 1973.
En cette année 1974, les 25 corps supplémentaires, créations décidées après les feux de 1969 et échelonnées sur 3 ans, sont tous opérationnels.
Ces centres de « première intervention à vocation forestière » permettent maintenant à notre département de posséder un effectif de 1788 sapeurs-pompiers.
Source : Sapeurs-pompiers Biot
| Des feux multiples
Ces 10, 11, 12 août sont critiques. A lui seul le feu situé entre Ascros et Cuébris avance sur un font de 2,5 kilomètres mobilisant 200 intervenants et les « canadairs ». Ici, l’escarpement du terrain et la densité de la végétation favorisent l’évolution du sinistre.
A Peille, trois incendies quasi-simultanés, démarrés de nuit, et situés à quelques centaines de mètres de distance sont maitrisés après une intense journée de lutte par les pompiers locaux renforcés par un détachement venu de Nice et deux « canadairs ».
Autres feux à Coursegoules, Escragnoles, Rigaud. La presque-totalité des corps du département est engagée, aidée par plus d’une centaine de militaires du 22ème Bataillon de Chasseurs Alpins et les sapeurs-forestiers de Valbonne, l’Escarène, Roquestéron.
Source : Nice-Matin
Enfin, au nord-ouest de Saint-Jeannet, ce sont 150 hectares en flammes, qu’il faut combattre sans eau en raison de l’absence de voies d’accès. Ici pour aider les pompiers de Vence et Cagnes à la lutte, il est décidé de faire appel à la population et à 15 heures, le tocsin sonne pour rassembler les volontaires civils.
| 16, 17, 18 août 1974
Sans vraiment d’accalmie dans leurs efforts de lutte, les sauveteurs sont confrontés à de nouveaux sinistres : Gillette où 450 hectares sont dévastés, Lucéram et son feu parcourant 900 hectares. Mais aussi Coaraze, Gourdon, Séranon et surtout… ce feu venu d’Italie qui avance vers Breil sur un front de 7 kilomètres malgré les efforts de 37 pompiers, 20 ouvriers-forestiers aidés de nombreux sauveteurs civils.
Source : archives du SDIS06
Journées dantesques qu’il faut conduire, parfois, sans moyens aériens, les « canadairs » intervenants sur d’autres foyers en Ardèche et Corrèze le 17 août.
De plus, ce même 17 août voit 4 nouveaux incendies se déclarer à Aspremont, Daluis, Duranus et Lantosque.
Au matin du 18 août, il reste 11 foyers à combattre dans notre département qui vient de perdre 3 000 hectares… mais les « Pélicans » 01, 28 et 48 reviennent aider le combat des troupes au sol.
| Petits miracles
D’abord le témoignage du lieutenant L. : « Alors que je passais un message de renseignements sur le feu, une violente rafale de vent a fait faire un bond d’une cinquantaine de mètres au foyer, en direction du véhicule radio et d’un camion-citerne lourd qui était derrière moi. J’ai actionné mon démarreur pour m’éloigner mais le moteur ne s’est pas mis en marche. J’ai dû quitter précipitamment le véhicule et l’abandonner aux flammes ». Le camion-citerne ne sera, lui, que légèrement endommagé et permettra à tous d’échapper au pire.
Autre témoignage, celui du caporal Q. encerclé par les flammes : « la boite à vitesse du camion s’est bloquée en marche arrière dans un petit chemin où je manœuvrais. C’est à ce moment que le feu est arrivé. Avec un sergent nous avons essayé de sauver le véhicule en prenant chacun une lance. Nous y sommes heureusement parvenus. »
Source : Nice-Matin du 19 août 1974
La lutte va durer encore de nombreux jours avant une activité orageuse qui sera malgré tout à l’origine d’un nouveau sinistre déclenché à La Gaude, le 27 août et rapidement éteint.
| Un autre témoignage pour finir
Celui recueilli auprès d’ un jeune sauveteur civil de l’époque : « J’avais 14 ans et avec l’accord de mon père, j’ai rejoint les pompiers et les autres gens du village pour les aider. Il fallait battre les flammes avec des branches pendant que les pompiers tentaient d’amener de l’eau en faisant un relai de motopompe. Ce fut ma première expérience de pompier… Il y en eut bien d’autres depuis…
… puisque je choisis de devenir sapeur-pompier ».
Alain BERTOLO
13 août 2024