Janvier 1872… Dramatiques évènements dans les Alpes-Maritimes

Publié le 24 janvier 2022

C’était il y a 150 ans… Les évènements météorologiques allaient provoquer deux drames dans notre département en … deux jours….

Les lignes du journal « l’univers illustré » du 3 février 1872 évoquent  la violence des conditions climatiques de la semaine précédente : « Des orages, des ouragans furieux, des pluies torrentielles : tel est le bilan météorologique de la semaine qui vient de s’écouler ». 

                                           

24 janvier 1872 : La catastrophe ferroviaire de La BRAGUE

 

pont-de-la-Brague filigrane

Source : Le Monde Illustré 3 février 1872-Bibliothèque Nationale de France

 

C’est d’abord sur la voie ferrée entre  Cagnes et Antibes que se joue le premier drame où La Brague, en furie, détruit le pont du chemin de fer… un pont viaduc de quarante mètres  constitué d’un tablier métallique posé sur trois piles en maçonnerie.

 

 « Le phare du littoral méditerranéen » nous relatent les instants de cette catastrophe : « Avant-hier, mercredi, vers six heures du soir, la tempête déchainée depuis deux jours sur le littoral avait atteint son point d’extrême intensité. A Nice le Paillon remplissait tout son lit (…) A cette même heure se produisait, sous l’influence des mêmes causes, l’épouvantable évènement (…) A 800 mètres environ, en deçà d’Antibes se jette un ruisseau, la Brague que traverse le pont viaduc du chemin de fer (…) La Brague, enflée par les pluies de ces derniers jours au point de devenir un véritable torrent, refoulée par les lames précisément à la hauteur de ce pont-viaduc qui n’a pu résister à l’énorme pression qu’il subissait, les deux tiers du tablier furent enlevés du côté de l’est et les piles qui le supportaient furent démolies dans leur partie supérieure. Au moment où ce premier sinistre eut lieu on attendait en gare d’Antibes le train n° 492 (de Menton à Cannes et Grasse) qui avait quitté la gare de Nice à 5 H.55.

Le Chef de la station d’Antibes envoya sur la ligne, au-devant du train, des hommes munis de lanternes, pour faire les signaux d’arrêt. Malheureusement le passage sur le pont-viaduc étant impraticable, et les campagnes étant inondées sur une très grande distance, les hommes durent faire un long détour avant de se retrouver sur la voie du côté de Cagnes, ils firent les signaux d’usage que le mécanicien n’aperçut que trop tard, tant à cause du peu de distance qui le séparait du danger que par suite de l’obscurité de la nuit, augmentée encore par une pluie torrentielle et un épais brouillard. Il paraît, toutefois, que  cet homme ralentit la marche du train , mais non assez tôt  pour empêcher la machine, le tender, un wagon de bagages, un wagon de 1ère classe, un wagon mixte et deux wagons de seconde classe  de rouler dans le gouffre, ouvert devant eux, sur lequel un wagon de première restait à demi suspendu ; il contenait, dit-on, sept voyageurs qui , tous, ont été sauvés. Derrière venaient encore deux wagons à bagages qui sont restés sur la voie »» (le phare du littoral méditerranéen  du 26 janvier 1872).

 

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Source : Le Monde illustré-Bibliothèque Victor de Cessole-musée Masséna-Nice

 

Les secours s’organisent avec les militaires du 27ème Régiment d’infanterie de ligne et la population locale. La presse soulignera que « Les habitants d’Antibes se sont portés en masse, avec l’élan le plus admirable au sauvetage du train en détresse, ils ont été, vaillamment secondés par le bataillon du 27ème caserné à Antibes ». Gageons que parmi ces sauveteurs, se retrouvaient des hommes de la subdivision de compagnie de sapeurs-pompiers de la ville.

Six morts, ainsi que sept blessés dont un dans un état désespéré et deux gravement atteints, sont relevés sur les lieux du drame. Quatre des victimes se verront, précautionneusement, ramenées sur Nice par un train de secours parti à neuf heures du soir.

 

25 janvier 1872 : L’éboulement de la colline du Château de Nice

Vers 16 h 30, dans la nuit tombante, sous une avalanche de pierres, trois énormes blocs se détachent de la façade orientale détrempée de la colline du château qui surplombe la ville. L’un d’eux vient éventrer un immeuble de la rue Emmanuel Philibert, la secousse fait d’abord croire à un tremblement de terre.

 

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Source : bibliothèque Victor de Cessole-musée Masséna-Nice

 

Atteinte par un rocher d’environ 250 m3, la façade postérieure de la maison « Baudouin » disparait entièrement, son rez-de-chaussée est enseveli, ci et là pendent sur des lambeaux de planchers encore accrochés aux étages, mobilier, cadres, vêtements… et alors que s’organisent les secours, un arbre déraciné vient s’abattre à proximité des sauveteurs provoquant de nouveaux blessés.

 Sous l’autorité de Monsieur RAYNAUD, maire et DE BROSSES, secrétaire général de la préfecture, assistés d’un conseil d’experts, les travaux de sauvetage déblaiement vont rapidement se structurer : Commandant la compagnie de pompiers, le capitaine David LATTES organise 3 escouades de sauveteurs. Travaillant à tour de rôle, chacun de ces détachements incluant pompiers, militaires, agents municipaux, forces de l’ordre fouille méthodiquement la zone de décombres.                                                                                 

Les opérations se poursuivent et la découverte, le dimanche 28 janvier, de la dernière dépouille, celle d’une jeune femme de 22 ans, porte le bilan au décès de neuf personnes en occasionnant, aussi, de nombreux blessés dont un sapeur-pompier touché à la jambe.

 

éboulement-chateau-de-Nice filigrane

Source : bibliothèque Victor de Cessole-musée Masséna-Nice

 

L’hommage à nos pompiers 

La presse soulignera la qualité de l’engagement des sapeurs-pompiers et la compagnie se verra décerner le 29 juin 1872 une médaille d’argent de deuxième classe pour acte de dévouement accompagnée de la citation : « Lors de l’éboulement du rocher du Château de Nice, cette compagnie a, pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, et avec un rare dévouement, recherché les nombreuses victimes de la catastrophe. »

 

…Plus tard, les répétitions de l’histoire feront revivre similaires drames… entre-autres en janvier 1885, décembre 1959, octobre 2015 et encore plus près de nous lors de la tempête « Alex » d’octobre 2020.

 

Alain Bertolo

                                                                                                                                                                                             23 janvier 2022

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