La citerne de simulation de fuites risque chimique du S.D.I.S. 06
Publié le 07 avril 2021
Voici certainement l’un des plus atypiques engins que connut notre SDIS… un véhicule « fait maison » dont il n’exista, mondialement, qu’un seul exemplaire !
Notre histoire débute en 1992, époque où un groupe d’une dizaine de sapeurs-pompiers, conduit par le Colonel Michel LAPORTE, pharmacien Chef et son adjoint le Pharmacien-Commandant Michel MOULIERAC, œuvrait dans le domaine de la formation face au risque chimique, notion relativement récemment rentrée dans le cursus des sapeurs-pompiers.
Ce groupe, baptisé Groupe Risque Technologique, s’appuyant sur des véhicules d’intervention aménagés dans d’anciennes ambulances des années… 1972…, assurait soutien et conseils, participait aux interventions et dispensait la formation.
Un beau jour, un jeune adjudant-chef, membre de ce groupe se lança, après avis et concertation avec ses camarades, dans la réalisation d’un nouvel outil de formation.
Quelques contacts avec une entreprise pour récupérer une ancienne citerne de transport de carburant, la réalisation de plans minutieux, l’extraordinaire engagement et le savoir-faire des métalliers et carrossiers de notre atelier départemental pour la transformation et… notre citerne se retrouva dotée des diverses situations qu’il était loisible de trouver lors des accidents : fuite liquide d’angle, éventration, fissure, que le discret rajout de chambres intérieures à la citerne permettait, à l’aide d’une bouteille d’air comprimé et de canalisations camouflées, de transformer en fuites gazeuses ou en aérosols fort brumeux...
Photo : Lt M. Pineau-SP Menton
Mais… il manquait le vecteur de transport… A l’atelier départemental fut retrouvé un vieux châssis-cabine de camion feu de forêt BERLIET FF 415… Oh !... La « bête » n’était pas rutilante : plus de moteur, plus de freins, l’une des deux vitres du pare-brise absente mais la citerne fut installée par l’équipe de l’atelier qui remplaça la vitre manquante par une tôle… A la satisfaction de tous, notre « cyclope » commença rapidement à remplir parfaitement son office. La revue « charge utile magazine » consacrera même, photo et lignes sur notre outil de formation.
Photo : SDIS 06
Un beau matin, notre adjudant-chef, qui veillait scrupuleusement sur notre engin eut une surprise : un groupe de stagiaires venait de baptiser notre citerne… « la bertoline » l’appellation resta de stages en stages et finit même inscrite sur l’arrière de la citerne… l’homme, que je connais un peu, n’y trouva pas grande vanité, il y remarqua plutôt une affectueuse marque… d’adoption…
Photo : Lt M. Pineau-SP Menton
L’affaire dura presque une dizaine d’années en accueillant quelques centaines de stagiaires puis notre citerne fut installée sur une berce rendant les déplacements plus commodes. Le temps passa, après les mutations des uns et les retraites des autres, la machine fut ferraillée…
La rédaction de cette page se veut un hommage au capitaine Jean François PELLEGRIN dit « PELOUS », ancien chef de centre de Cabris mais aussi conducteur de notre porte-char départemental, un homme, toujours prêt à rendre service dont le grand cœur n’avait d’égal que sa légendaire gouaille. « PELOUS » qui consciencieusement chargeait et déchargeait à chaque fois notre citerne pour la conduire de centre en centre pour ces formations pratiques d’où les stagiaires ressortaient trempés mais contents… Ils en redemandaient même en scaphandre étanche…
Arriva le jour où notre conducteur de porte-char aborda notre adjudant-chef qui l’attendait pour décharger l’engin (qu’il fallait ensuite pousser à la main…) en lui disant, rigolard « je me suis fait arrêter par un groupe de touristes pour des photos, en moitié anglais ils disaient « camion de la guerre ! Camion de la guerre ! », tu ne vois pas pour qui on passe avec « ton truc » !
Eh oui ! mon vieux « PELOUS » …un camion de la guerre… une guerre presque gagnée : celle d’avoir réussi à donner un côté ludique au geste méthodique et calculé qu’il faut faire au cœur du danger !
« PELOUS » nous quitta en octobre 2013.
Merci encore de ton aide amicalement râleuse qui ne loupa jamais un rendez-vous…
Merci mon Capitaine !
6 avril 2021
Alain BERTOLO