Un boa constrictor dans une piscine…

Publié le 07 septembre 2012

La cellule vétérinaire du Service de Santé et de secours médical aura multiplié les interventions au cours de cet été. De celles-ci, on en retiendra quatre pour autant d’animaux parfois dangereux :
 
- un lézard ocellé (rarissime) dans un salon de coiffure de Nice,
- un boa constrictor dans une piscine de Castagniers,
- des araignées prises pour des mygales,
- une couleuvre agressive dans une chambre d’enfant.
 
En application de la consigne opérationnelle, à chaque fois le CTA de Nice a engagé le VTU (véhicule tous usages) du secteur sans omettre d’en informer le vétérinaire de permanence via le CODIS.
 
 
Ce n’était pas un varan
 
 
Dans le salon de coiffure niçois, l’animal, capturé par le VTU, fut pris en charge par le vétérinaire SP et les agents du GSA. L’identification précise de l’espèce animale et un examen médical externe ont permis d’identifier un lézard ocellé, cousin du bien connu lézard vert encore appelé Lambert et non un varan, lézard exotique. L’animal devait retrouver la liberté dans un site adapté.
 
 
 
Le lézard ocellé appartient à la famille des Lacertidés et est un des lézards endémiques parmi les plus grands d’Europe. Il vit dans les pelouses sèches et ensoleillées, broussailles et autre paysage typiquement méditerranéen (sauf en Corse) : rien à voir avec un salon de coiffure !!!
C’est un animal diurne aux couleurs vives, de grande taille, entre 50 et 70 cm pour un lézard adulte. Sa coloration permet de le reconnaitre très facilement : le dos, les flancs, la tête et la queue sont verts, les flancs sont ornés de taches bleu vif. .
Espèce faisant partie du patrimoine du Sud de la France, son comportement territorial et sa rareté expliquent l’engouement des terrariophiles avertis.
Essentiellement insectivore (coléoptères), il peut devenir omnivore en cas de nécessité.
 
Ce lézard ne présente aucune dangerosité pour l’homme. Même si parfois, acculé, il prend une posture d’intimidation en ouvrant la gueule et en soufflant. En cas de morsure, comme son cousin de Lambert, il ne lâche pas facilement prise.
Ses principaux prédateurs sont les rapaces diurnes et la couleuvre de Montpellier. Mais aussi l’homme car ce lézard a toujours fait l’objet depuis plus de 200 ans de captures dans son milieu naturel. Elevé dans de nombreux pays (Etats Unis, Canada …), il est consommé dans d’autres (Espagne …) et fait l’objet d’un trafic illégal. 
Certaines croyances populaires en font un petit monstre de plus d’un mètre, agressant les vignerons et les femmes se soulageant dans les champs en basse campagne ….
 
 
Inscrit sur la liste rouge des espèces menacées en France, sa destruction volontaire ainsi que sa capture à des fins de détention en captivité sont un délit. Il fait partie des 7 espèces reptiles d’extinction en France sur les 37 espèces animales recensées en 2009. Des mesures de conservation et un plan national de sauvegarde ont été mis en place pour la période 2011-2015.
Très prisé comme Nouvel Animal de Compagnie, sa détention est autorisée en Angleterre et aux Etats Unis.
 
 
 
 
La vipère était en fait un boa
 
 
 
Le 10 août, les sapeurs-pompiers sont intervenus dans une piscine privée de Castagniers où à son arrivée, le chef d’agrès du VTU pensa avoir à faire avec une vipère locale : tête en V, corps trapu et queue courte.
En fait, il ne s’agissait pas d’un serpent de la faune française mais bien d’un serpent exotique : un jeune Boa constrictor imperator qui a été placé dans une structure d’accueil adaptée.
Ce n’est pas tous les jours que l’on voit sortir un boa constrictor de son skimmer !!! Bref, compte tenu du caractère anxiogène et phobique de ces animaux, cela aurait pu finir bien plus dramatiquement.
 

 
Le boa constrictor (Boa constrictor imperator) ou encore boa à queue rouge, est un serpent docile malgré sa taille imposante (2,50-3m) à l’âge adulte. C’est l’un des serpents les plus couramment élevés en captivité du fait de son esthétique attrayante, de sa robustesse et de sa facilité d’élevage. Il vit habituellement en Amérique centrale et du Sud dans les fortes tropicales humides à des températures > 30°-32°C en journée .C’est un animal nocturne, à forte tendance arboricole, se nourrissant essentiellement de rongeurs et non venimeux. Seule sa puissance de constriction à l’âge adulte peut représenter un danger pour un manipulateur non averti. 
 
 
Fausse alerte à la mygale
 
 
A la Colle-sur-Loup, le vétérinaire engagé sur l’intervention détermina assez rapidement qu’il ne s’agissait non de mygales, araignées exotiques, mais d’araignées de la faune française : une araignée Loup ou lycose et une argiope frelon ou épeire fasciée.
 

 
L’argiope frelon (Argiope bruennichi) ou épeire fasciée est une très jolie araignée qui doit son nom à sa coloration qui rappelle celle des frelons : son corps est noir rayé de jaune et blanc.
C’est une araignée très fréquente en Europe, notamment dans les zones ensoleillées, dans les buissons et les herbes hautes. Malgré sa petite taille (moins de 3 cm), elle a été confondue avec une mygale.
Araignée ayant une mauvaise vision, elle se laisse facilement approcher par l’homme. Sa capture est donc aisée. Petite particularité, le mâle meurt systématiquement au cours de l’accouplement dans cette espèce.
Cette araignée fait partie des araignées tisseuses, qui fabrique leur toile en vue de capturer les proies. Sa toile se reconnait à son dessin en zig zag. Lorsqu’un insecte se prend dans sa toile, l’argiope l’entoure très rapidement d’un fil très résistant pour l’empêcher de s’enfuir lui injecté du venin pour le paralyser.
Comme chez toutes les araignées, mygales y compris, la digestion des proies est externe : après l’injection du venin, l’araignée introduit dans le corps de sa proie de la salive contenant des sucs digestifs qui vont décomposer les chairs. Puis l’araignée aspirera l’intérieur liquéfié du corps de sa proie pour se nourrir.
Cette araignée ne vit qu’un an et meurt avec l’arrivée des premiers froids.
 
L’araignée loup ou lycose, est bien connue pour ses liens de parenté avec la « tarentule » (lycosa tarentula), araignée mythique de la province de Tarente (Italie). Celle-ci était supposée plonger sa victime dans un profond état de léthargie mortel : le tarentulisme ou tarentisme. Le seul remède était alors d’organiser des danses très rapides (les tarentelles) réunissant tout le village, pour dissiper les effets du venin. Croyances uniquement, car la morsure bien que douloureuse n’est pas mortelle
Notre « mygale » - araignée loup, de la Colle-sur-Loup, est une Lycose Alopecosa inquilina qui s’était réfugiée dans un régime de bananes (normalement, c’est des mambas dont il vaut mieux se méfier !) a donc pu être identifiée, les requérants rassurés. Comme toutes les lycoses (sauf quelques espèces brésiliennes), elles sont inoffensives pour l’homme. Le corps de cette espèce fait près de 22 mm de long.
Contrairement à l’argiope, elle chasse à l’affût, en courant et en bondissant sur leur proie. Elles ne capturent pas leur proie dans une toile.
 
 
Un serpent dans les peluches
 
 
Entre temps, à Peillon, le VTU, le GSA et le vétérinaire intervenaient dans une chambre d’enfant dans laquelle avait trouvé refuge une couleuvre de Montpellier, lovée sur une peluche.
L’animal soufflait fortement à l’approche de l’équipage VTU qui décida d’attendre l’arrivée du GSA et du vétérinaire pour la capture. Au vu des éléments fournis, il y a de fortes probabilités pour que le serpent soit issu de la faune française. En effet, compte tenu de la chaleur estivale, nos serpents locaux « estivent » fréquemment à l’intérieur des habitations afin de trouver un peu de fraicheur, tandis que les espèces exotiques ont plutôt tendance à profiter de la chaleur extérieure.
 

 
A l’arrivée sur les lieux, le chef d’agrès du VTU indiqua la présence de l’animal sur le lit d’une petite fille, au milieu des peluches. A la première tentative de capture, l’animal prit la fuite. Il faudra déménager délicatement quelques meubles pour réussir à capturer la fuyarde, une couleuvre de Montpellier adulte, de sexe mâle compte tenu de la couleur de sa livrée, en parfaite santé, bien dodue et potentiellement venimeuse, d’environ 1,60 m. L’animal en bonne santé, était particulièrement vif et agressif (tentatives de morsures, sifflements …). Après plusieurs tentatives, il fut enfin maîtrisé et conditionné dans une caisse de transport adaptée.
 
La couleuvre de Montpellier, contrairement à son nom n’est pas inféodée à la région de l’Hérault mais se rencontre très fréquemment sur tout le pourtour méditerranéen. C’est une couleuvre française pouvant atteindre à taille adulte 2,40 m.
C’est un des serpents les plus rapides de France. Particularité : lorsqu’elle se sent menacée, elle se dresse comme un cobra et attaque en soufflant et sifflant pour impressionner en cherchant à mordre. Seule espèce de couleuvre venimeuse en France.
Les accidents sont rares car les crochets venimeux sont en position postérieure dans la cavité buccale (il faudrait qu’en mordant elle avale un doigt). Cependant en intervention, lors d’une capture, cela est possible.
 
 
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