Environnement - Six échouages de dauphins en un mois mais pas d’aileron de requin à l’horizon
Publié le 25 mai 2012
Antibes, Cannes, Villeneuve-Loubet, Saint-Jean Cap Ferrat : en moins d’un mois, six échouages de dauphins ont été comptabilisés par les vétérinaires sapeurs-pompiers du SSSM et le groupe de sauvetage animalier. Un phénomène surprenant lorsque l’on sait qu’en année normale, le nombre d’échouages est de 10, même si 18 ont été recensés en 2011.
La fréquence du phénomène peut dès lors laisser à penser à des échouages multiples et non individuels comme les années précédentes. Même si les côtes des Alpes-Maritimes n’ont jamais, à ce jour, été concernées par des échouages de masse (plusieurs individus en même temps.)
Sur les six échouages enregistrés en 2012, trois sont liés à l’action de l’homme (accident de pêche, hélice de bateau) et trois sont imputables à une pathologie dont l’agent causal n’a pas encore été identifié. En revanche, tous sont des dauphins bleus et blancs (stenella coeruloalba) jeunes, de moins de 3 à 4 ans, de l’espèce protégée la plus courante en Méditerranée. Sa population est estimée entre 25000 et 40 000 individus.
Il s’agit d’un dauphin de petite taille, 2à 2,50 m pour les adultes, pour un poids de 60 à 120 kg et une longévité estimée à 40 ans. Il se reconnait à ses trois bandes noires qui partent de l’œil et ornent ses flancs. Il est plus petit que son cousin « FLIPPER », dauphin Tursiops que l’on peut rencontrer à Marineland.
Déroulement d’une intervention
En application des consignes opérationnelles, pour tout échouage de mammifère marin, un certain nombre de moyens sapeurs-pompiers sont engagés, sous l’autorité d’un chef de colonne. Il en va de même lors d’échouage d’une tortue marine, espèce tout aussi protégée que les dauphins et baleines.
Vivant ou mort, l’animal est pris en charge par le vétérinaire SP et les agents du GSA pour identifier précisément l’espèce animale en cause, sa biométrie (taille, poids, marques, estimation de l’âge ...) S’en suivent un examen médical externe et la recherche des causes probables de l’échouage et/ou de décès.
En cas de décès, le cadavre de l’animal est transporté au Laboratoire Vétérinaire Départemental du Conseil général pour autopsie et examens complémentaires afin de déterminer de façon plus précise les causes de la mort. Le LVD 06 tient informé le vétérinaire chef départemental des résultats des autopsies et une recherche systématique des maladies zoonotiques est réalisée, notamment la brucellose, pour les dauphins.
Compte tenu de l’impact médiatique et sociétal, ces interventions impliquant des animaux « mythiques » sont presque toujours médiatisées.
En cas d’échouage d’animal vivant, celui-ci est maintenu et médicalisé dans son milieu naturel. L’objectif recherché est le renflouage vers le large pour les petites espèces de dauphin, méthode beaucoup moins traumatisante qu’une médicalisation en captivité. Les tortues marines, en fonction de leur taille, peuvent être temporairement recueillies en bassin artificiel d’eau de mer dans une structure d’accueil adaptée - pour la durée des soins avant un relâcher en milieu naturel.
Mort ou vivant
Les causes d’échouage des mammifères marins sont multiples et variées. Il convient de distinguer :
Les échouages d’animaux vivants dont l’origine peut être soit provisoire (animal au repos ou volonté de frottement sur le sable), accidentelle (poursuite de proies à terre, rejet des jeunes mâles par le groupe, perturbation du sonar, solidarité avec le leader ...) ou pathologique (dérèglement du sonar, atteinte cérébrale, traumatismes, maladies, malnutrition ...)
Les échouages d’animaux morts dont l’origine peut être soit par mort naturelle (prédation, mise bas difficile, jeunes orphelins ...) ou liée à l’action de l’homme soit volontairement (acte de pêche illégal) ou involontairement (filets, ingestion de corps étrangers type plastiques, pollution chimique ou sonore ...)
Les tortues marines sont souvent victimes indirectement de la présence humaine en mer soit par capture accidentelle dans les filets ou lorsqu’elles ingèrent des corps étrangers tels que sacs plastiques, confondus avec des méduses qui sont leur principale source alimentaire.
Le dauphin : une sentinelle pour l’homme
Dans le cadre des missions du SDIS au titre de la protection des personnes, des biens et de l’environnement, le dauphin peut être considéré comme une espèce sentinelle du risque sanitaire pour l’homme. Les échouages vivants entrent dans le cadre des missions de sauvetage.
Pour les interventions sur animaux morts, le Conseil Général 06 et le SDIS 06 se sont associés au Réseau National Echouage en tant que premiers intervenants de terrain. La centralisation des informations, le fait de disposer de personnels opérationnels, formés et qualifiés, permet une meilleure réactivité, une prise en compte du risque sanitaire et une meilleure qualité des prélèvements (intérêts scientifiques).
Tortues et mammifères marins, espèces hautement protégées entrent dans le cadre des missions de protection de l’environnement des SDIS.
Comme l’était jadis le canari dans les mines pour détecter précocement la survenue de coup de grisou, les dauphins, mammifères placés en haut de la chaine alimentaire marine (avec la possibilité d’accumulation de polluants divers dans leur organisme) peuvent permettre d’identifier une contamination, voire de prévoir les risques pour la santé humaine. Comme disait Auguste Comte « Savoir pour prévoir afin de pouvoir »...
Mais, petit clin d’œil avant le début de la saison des plages : ne pas confondre aileron de dauphin, même si cela rime avec aileron de requin ...
Toute nageoire de forme plus ou moins pointue émergeant à la surface de l’eau, peut appartenir, dans l’ordre d’apparition les plus fréquentes :
1- A un poisson lune 2- A une raie 3- A un dauphin 4- A un requin. Mais dans ce dernier cas, pointent alors à la surface de l’eau, distant de 1 à quelques mètres l’aileron dorsal et l’aileron caudal, vertical chez les requins. A retenir : lorsqu’on voit double, ce n’est pas un dauphin ... !!!
Vétérinaire chef départemental
Conseiller technique GSA