Prévention - Que faire en cas d’accident nucléaire.

Publié le 23 mars 2011

Alors qu’un nuage radioactif sans danger lié à la catastrophe survenue au Japon pourrait atteindre la France métropolitaine dès aujourd’hui, nous poursuivons la publication des réponses aux interrogations suscitées par un accident nucléaire.

- Quels sont les risques immédiats pour la santé des populations autour du site au moment des rejets ?

En dehors d’une irradiation aiguë (essentiellement pour les travailleurs intervenant sur le site), l’exposition aux radiations peut entraîner des risques de développement à long terme de cancers, en fonction de la dose reçue, et notamment celui de la thyroïde et la leucémie. Cet effet a été mis en évidence par les études épidémiologiques menées sur des populations exposées aux rayonnements ionisants, en particulier celles des survivants des bombardements de Hiroshima et de Nagasaki exposés à des fortes doses.

Le risque à plus long terme est celui d’une contamination chronique prolongée due à l’ingestion de produits contaminés par des radionucléides à vie longue, en particulier le césium 137 (période radioactive de 30 ans). Suivant l’ampleur du rejet et l’étendue des retombées radioactives, il sera nécessaire de prendre des mesures permettant de diminuer l’impact de l’événement sur l’environnement et la santé (restriction de consommation des produits alimentaires, pratiques agricoles...).

- Y a-t-il une dose en-dessous de laquelle il n’existe aucun effet sanitaire ?

Les études épidémiologiques n’ont pas pu démontrer qu’il existe un risque accru de développer des cancers en cas d’exposition à des doses inférieures à 100 mSv. A contrario, l’existence d’un seuil de dose en dessous duquel le risque est nul n’est pas démontré à ce jour. C’est pourquoi il est important de maintenir le niveau d’exposition aux radiations à un niveau aussi bas que possible.

- Quelles sont les mesures de protection nécessaires en cas d’accident nucléaire ?

Vous trouverez des informations sur le site www.risques.gouv.fr

En cas d’accident nucléaire, il existe différentes actions de protection :

La mise à l’abri/le confinement : c’est la première des mesures à prendre en cas d’alerte. Il s’agit de s’enfermer dans un bâtiment en dur : fermer les portes et les fenêtres, arrêter les ventilations. Cette protection peut réduire d’un facteur 10 le risque de cancer.

Rester à l’écoute : se tenir informé par tous les moyens disponibles : radio, tv, internet...

L’évacuation : elle est décidée en fonction de l’ampleur des rejets. Il s’agit d’éloigner les populations vivant à proximité du site dans la mesure où la radioactivité décroît avec la distance ;

L’ingestion d’iode : les comprimés d’iode ne protègent que de l’iode radioactif.

L’ingestion d’iode doit être impérativement combinée à la mise à l’abri/confinement et effectuée dans les conditions préconisées de délai.

Et le cas échéant, des interdictions de consommer certains produits alimentaires produits sur site.

- Comment agit le comprimé d’iode ?

Qu’est-ce que l’iode ?

L’iode est un oligo-élément naturel, indispensable au fonctionnement de la thyroïde. On le trouve dans l’eau et les aliments que nous consommons (poissons, viandes, fruits, lait...).

Qu’est-ce que la thyroïde ?

C’est une petite glande (environ 5 cm chez l’adulte)
située sur le devant du cou. La thyroïde fabrique des
hormones qui jouent un rôle essentiel chez l’homme :
croissance, développement intellectuel... Elle a un
rôle particulièrement important chez l’enfant, et ce,
dès la vie intra-utérine.

Comment un comprimé d’iode protège la thyroïde de l’iode radioactif ?

En cas d’accident nucléaire, de l’iode provenant d’une réaction physique qui a lieu à l’intérieur du réacteur peut être rejeté dans l’environnement. Il s’agit d’iode radioactif. Respiré ou avalé, l’iode radioactif se fixe sur la glande thyroïde et peut ainsi augmenter le risque de cancer de cet organe, surtout chez les enfants. Prendre un comprimé d’iode stable avant les rejets d’iode radioactif protège efficacement la thyroïde en empêchant l’iode radioactif de s’y concentrer. La thyroïde est alors préservée.

Quand doit-on prendre un comprimé d’iode ?

Le comprimé d’iode doit être pris uniquement et immédiatement à la demande des autorités locales (en France, le préfet). Son efficacité est maximale s’il est ingéré 1 heure avant le rejet d’iode radioactif. L’administration d’iode stable est efficace uniquement si elle intervient dans l’heure qui précède l’exposition et au plus tard 24 heures après l’exposition

- Est-il nécessaire que je prenne de l’iode si je n’ai pas été au Japon ?

Non, c’est tout à fait inutile. En dehors d’une exposition à des rejets d’iodes radioactifs,
l’ingestion d’iode est inutile, voire déconseillée. Ce médicament serait nécessaire aux
personnes qui ont été exposées à un nuage radioactif en fonction des décisions prises par
les autorités sanitaires. Or, d’après les éléments disponibles, les gaz et particules
radioactives rejetées restent localisés à proximité de la centrale.
En France, la population n’a pas donc pas de raison de se rendre en pharmacie pour acheter
des comprimés d’iode.
En cas d’alerte sur le territoire national, les autorités françaises en distribueront gratuitement.

- Puis-je retirer des comprimés d’iode dans ma pharmacie ?

En dehors d’une exposition à des rejets d’iode radioactif, l’ingestion d’iode est inutile
voire déconseillée.
Au regard de la situation actuelle et en dehors d’une recommandation explicite des
autorités sanitaires, il n’y a donc pas lieu d’acheter ou d’ingérer de l’iode.


- Quels sont les cancers pouvant être développés suite à l’exposition à des radiations ?

Deux éléments radioactifs (l’iode 131 et le césium 137) peuvent conduire à des cancers différents bien particuliers.

L’iode 131 est le radionucléide prédominant dans le panache. Il peut se fixer sur la thyroïde qui a besoin d‘iode pour la fonction thyroïdienne. Lorsque la thyroïde fixe l’iode radioactif, il y a un risque de développer des cancers de la thyroïde. Le césium 137 est l’autre élément radioactif nocif aussi présent dans le panache. Il peut accroître le risque de développer des leucémies, des cancers digestifs et des cancers pulmonaires. Les impacts sanitaires seront différents selon les individus ; c’est-à-dire selon leur sensibilité aux rayonnements ionisants. Les enfants et les femmes enceintes sont les plus sensibles.

- Comment peut-on mesurer son exposition à la radioactivité ?

Pour mesurer les doses reçues, il faut faire des mesures anthroporadiométriques et des
mesures dans les urines. L’anthroporadiométrie permet de détecter la présence de
radionucléides émetteurs gamma.
Cf Question x : que dois je faire si je crains d’avoir été exposé ?

- Y a-t-il une dose en-dessous de laquelle il n’existe aucun effet sanitaire ?

Les études épidémiologiques n’ont pas pu démontrer qu’il existe un risque accru de développer des cancers en cas d’exposition à des doses inférieures à 100 mSv. Toutefois, l’absence totale de risque ne peut être complètement exclue, dans la mesure où le risque zéro n’existe pas. C’est pourquoi il est important de maintenir le niveau d’exposition aux radiations à un niveau aussi bas que possible.

- Si un tel événement devait se produire en France, comment serions-nous protégés ?

Vous trouverez des informations sur le site. www.risques.gouv.fr

La France s’est dotée d’un dispositif de prévention pour faire face à toute hypothèse de rejets d’iode pouvant concerner la population française. Des comprimés d’iodes ont été distribués à la population dans un périmètre de 10 km autour des sites nucléaires français dans le cadre des plans de protection de d’intervention arrêtés par les préfets. Une campagne de distribution a été menée fin 2009 dans ces zones où les particuliers pouvaient retirer leur comprimé dans les pharmacies d’officine sur présentation d’un bon fourni par les autorités.

D’autre part, l’Etat a constitué des stocks de comprimés d’iode pour être en mesure de protéger la population vivant en dehors des périmètres définis autour des installations nucléaires. Ces stocks sont en cours de renouvellement. A cet effet, l’Etat a passé commande à la Pharmacie Centrale des Armées (PCA) en 2009 de 110 millions de comprimés permettant de couvrir l’ensemble de la population française en fonction des différentes posologies. La moitié de cette production a, d’ores et déjà, été livrée à l’EPRUS qui les a positionnés au niveau de ses plateformes de stockage situées dans chaque zone de défense et de sécurité. La totalité de la production sera livrée par la PCA à la fin de l’année.

L’EPRUS est en mesure à partir de ses plates-formes de mettre ces stocks à disposition des préfets qui ont organisé des plans de distribution à la population. En effet, si le préfet considère que la situation nécessite la prise de comprimé d’iode stable, il organisera le déploiement de ces stocks vers des points de distribution qui vous seront alors communiqués, notamment par radio. Ces plans d’action prévoient également de soustraire les populations aux conséquences des rejets radioactifs via des mesures de mise à l’abri/confinement ou d’évacuation.

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