Développement et renforcement du volontariat - Le lieutenant-colonel de sapeurs-pompiers volontaires Alain Leflon missionné par le Directeur.
Publié le 25 octobre 2011
Si l’évolution des risques encourus par les populations, du fait du développement urbain, de la progression des déplacements et des transformations de mode de vie, des mutations technologiques, ont contribué à la nécessaire professionnalisation des corps de sapeurs-pompiers, le volontariat reste un élément indispensable à la protection des biens et des personnes.
A ce titre il est un enjeu majeur de la politique nationale de sécurité civile rappelé à maintes reprises par le Chef de l’Etat. Fort de ce constat et de cette volonté, le colonel Patrick Bauthéac, Directeur et Chef de Corps, vient de confier au lieutenant colonel de sapeurs-pompiers volontaires Alain Leflon, la responsabilité d’une mission volontariat.
Le lieutenant-colonel Alain Leflon lors de la Journée nationale des sapeurs-pompiers 2011.Voici le texte de sa lettre de mission.
« Des dispositifs législatifs et réglementaires sont venus, ces dernières années, conforter le volontariat : décret du 28 novembre 2003, loi de modernisation de la sécurité civile du 13 août 2004, décret du 15 octobre 2009, et tout récemment loi du 21 juillet 2011 dite Morel-A-l’Huissier.
De longue date, le Service départemental d’incendie et de secours des Alpes-Maritimes a pris de nombreuses initiatives pour soutenir le volontariat indispensable à l’organisation et à la projection des secours dont il a la charge parce qu’il contribue grandement à la mobilisation préventive contre les feux de forêts, à la lutte contre les catastrophes naturelles (inondations notamment), parce qu’il couvre quotidiennement la protection des populations dans les Haut et Moyen Pays, parce qu’il participe fortement aux secours médicalisés, et qu’il accompagne dans les secteurs urbains le travail des sapeurs-pompiers professionnels.
Cette politique a porté ses fruits. En 2001 nous comptions 2522 SPV ; aujourd’hui 2863 soit une progression de 13,5%.
Ce chiffre satisfaisant ne doit pas masquer une réalité plus complexe où se mêlent sujets de contentement et motifs d’insatisfaction. Une analyse détaillée de la situation du volontariat au sein du Corps départemental laisse apparaître un certain nombre de faiblesses voire d’insuffisances et de carences, que le rapport d’évaluation quinquennale du S.D.I.S 06 effectué par l’Inspection de la défense et de la sécurité civile du 7 avril 2011 identifie et souligne.
Ce rapport, dans son appréciation de la situation du volontariat au sein du S.D.I.S 06, par la pertinence de ses observations et de ses préconisations, constitue une excellente feuille de route pour l’avenir.
Le développement du volontariat : une priorité pour le SDIS 06.
Son développement doit constituer, précise t-il, « la priorité du S.D.I.S 06 », et pour cela « il semble nécessaire d’affecter un cadre à plein temps pour soutenir cette démarche ».
C’est dans cet esprit que j’ai décidé de créer « une mission volontariat » pour avoir une vision de grand angle sur l’ensemble de ses problématiques. Je l’ai confiée au lieutenant-colonel de sapeur-pompier volontaire Alain Leflon.
La générosité de son engagement, les hautes valeurs morales qui l’inspirent, la richesse de sa longue expérience du secours, sa compétence, dont témoigne son exceptionnelle carrière de sapeur-pompier volontaire, m’ont conduit tout naturellement à le choisir pour accomplir cette importante mission. J’ajoute que son investissement au sein de l’Union départemental des sapeurs-pompiers et à la tête de l’Association départementale des jeunes sapeurs-pompiers volontaires, lui a permis de gagner la reconnaissance et la confiance de ses pairs.
Un deuxième poste d’officier de sapeur-pompier volontaire lui sera prochainement affecté pour le seconder dans sa tâche.
La mission est rattachée aux « affaires réservées » confiées à M. Bernard Volpillière, administrateur hors classe. De la sorte, le lieutenant-colonel Alain Leflon dépend directement de mon autorité. Il travaillera en liaison constante avec M. Gérard Boukobza, chef du groupement fonctionnel « ressources humaines et administration générale », et en collaboration avec les chefs de groupement chaque fois que cela s’avèrera nécessaire. Il développera ses propositions de concert avec les partenaires sociaux, et les instances consultatives spécifiques qui sont consacrées au volontariat.
Un lien étroit pourra être renforcé avec le bureau du volontariat de la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC).
Les pistes de réflexion s’articuleront autour de la problématique du volontariat dans les Alpes-Maritimes, suivant qu’il concerne les Haut et Moyen Pays d’une part, la conurbation littorale d’autre part, et les deux « modèles » du volontariat qui en découlent.
Pour les CIS du septentrion, le S.D.I.S 06 se heurte à un problème de recrutement de sapeur-pompier volontaire, directement lié à l’activité économique et aux questions d’emploi que connaissent les zones rurales et de montagnes du département. Ainsi en 2010, le GT Nord a connu pour la première fois un solde négatif entre les départs et les nouveaux engagements. Dans le Haut Pays grassois, nous connaissons des difficultés pour assurer les gardes.
Une nécessaire concertation avec les Maires.
Il conviendra d’engager une réflexion approfondie, vallée par vallée, bassin d’emploi par bassin d’emploi, en concertation avec les Maires des communes concernées, les acteurs économiques et leurs organisations socioprofessionnelles, pour connaître l’évolution du tissu économique et identifier les prospections possibles. Dès lors, pourront être définies des mesures de promotion et d’encouragement ciblées et appropriées.
Pour les CIS côtiers, les questions qui se posent sont surtout de nature organisationnelle relevant de la disponibilité et de l’emploi opérationnel des SPV et de leur intégration dans la chaîne de commandement (notamment pour les officiers), dont découlent des problèmes de fidélisation.
D’une manière plus générale et pour l’ensemble, il serait opportun dans le prolongement d’ailleurs des mesures déjà prises comme la récente constitution du collège des chefs des CIS volontaires, d’imaginer des procédures permettant une meilleure association du volontariat aux projets du Service départemental, une intégration plus forte dans les actions d’hygiène et de sécurité et les programmes de formation.
Il serait judicieux de réfléchir sur une meilleure définition du rôle et des responsabilités de « l’encadrement » volontaire et sur les moyens de valoriser son statut.
Il serait utile aussi d’engager une action de sensibilisation des employeurs publics et privés volontaires pour favoriser le volontariat parmi leurs personnels et accroître les conventions de disponibilité opérationnelle et pour formation insuffisantes à ce jour, et de promouvoir auprès des entreprises privées les dispositions relatives au mécénat prévu par le code général des impôts.
Valoriser un engagement citoyen.
Il convient par ailleurs de mieux intégrer l’Union départementale des sapeurs-pompiers des Alpes-Maritimes ainsi que l’Association départementale des jeunes sapeurs-pompiers volontaires dans le déploiement de la démarche en faveur du volontariat, de suivre et d’accompagner le parcours des jeunes SPV pour les fidéliser dans leur vocation.
Au total l’ambition de la mission doit être :
d’optimiser l’environnement professionnel des sapeurs-pompiers volontaires,
de leur offrir un cadre d’activité valorisant dans leur engagement citoyen
Le volontariat est un atout précieux pour notre service d’incendie et de secours. Il convient de le faire fructifier dans une association judicieuse et complémentaire avec les sapeurs-pompiers professionnels pour la meilleure protection de nos populations. »
Colonel Patrick Bauthéac
Directeur du SDIS 06
Chef de Corps.