Opérationnel - Installations photovoltaïques : danger !
Publié le 07 mars 2012
Depuis quelques années et en particulier dans notre région, de nouveaux moyens de production d’énergie se multiplient. Auparavant réservées à des applications isolées (refuges de montagne, bateaux), les installations de panneaux solaires photovoltaïques ne cessent de croitre, sur le domaine public ou privé. Il est dès lors important pour les sapeurs-pompiers d’évoluer avec ces nouvelles technologies afin d’anticiper et d’adapter leur réponse opérationnelle.
L’incendie généralisé survenu il y a quelques jours dans une villa du Rouret, au cours duquel deux sapeurs-pompiers ont été blessés par la fusion de châssis en aluminium supportant des panneaux photovoltaïques, a provoqué l’ouverture d’une enquête par les services concernés du SDIS 06 dont la mission hygiène et sécurité.
Deux sapeurs-pompiers ont été blessés par la fusion de châssis en aluminium supportant des panneaux photovoltaïquesCe premier accident du genre dans les Alpes-Maritimes a d’ailleurs fait l’objet d’un retour d’expérience à la DGSCGC (direction générale de la sécurité civile et de la gestion de crises), déjà saisie par d’autres départements dont le Var, pour des accidents similaires. Pour la DGSCGC « ce dossier est toujours d’actualité tant sur le plan de la prévention que sur le plan de la prévision et des techniques professionnelles ».
Au demeurant, le RETEX des sapeurs-pompiers de Meaux-Seine et Marne- confrontés à ce type d’incendie- est à l’image de ce que les sauveteurs ont connu au Rouret : « des personnels d’intervention du centre de Meaux sont intervenus en renfort sur un feu de combles dans un pavillon. A leur arrivée, ils ne possédaient pas l’information sur la présence de panneaux photovoltaïques. Cinq minutes après l’engagement d’un premier binôme, les vitres des panneaux se sont décrochées sous l’effet de la chaleur, tombant au sol d’une hauteur de 7 mètres. Heureusement, personne ne se trouvait à cet endroit. De plus, les châssis en aluminium se sont mis à couler, propageant le feu sur le plancher du premier niveau.
Six sapeurs-pompiers ont eu leur EPI (équipement de protection individuelle) endommagé. Une bretelle d’ARI (appareil respiratoire isolant) a été sectionnée par l’aluminium à l’état liquide. Les sauveteurs ne sentaient pas forcément les gouttes les atteindre mais ressentaient évidemment les brûlures.
En définitive, s’il n’y a pas eu de blessés, vestes, casques et gants sont inutilisables. Parce que lorsque l’EPI est touché, la dernière frontière entre le risque et l’humain est atteinte. Gardez donc désormais à l’esprit qu’en plus du risque électrique, il convient d’y ajouter le risque de matériaux (principalement les vitres) et de projection de matières en fusion (aluminium). »
Ce problème n’est pas spécifique à notre pays. En Belgique, le Président de la Fédération royale des corps de pompiers a identifié quatre dangers :
le risque d’électrocution,
le risque d’incendie du système électrique,
le risque d’éclatement des panneaux,
le risque de fusion et de chute.
Au sein du SDIS 06, il existe une consigne opérationnelle 2010-12 -rédigée par le capitaine Christian Caumes -liée aux interventions sur les installations photovoltaïques.
Sans attendre, une campagne de sensibilisation est actuellement conduite, parallèlement à la recherche de nouvelles pistes de réflexion. Parmi celles-ci :
recenser dans leur totalité les bâtiments équipés auprès des mairies pour les habitats individuels ou collectifs, le SDIS ayant en charge les ERP,
préconiser la matérialisation phosphorescente de ces installations par un pictogramme adéquat, compte tenu de la difficulté de repérer ce type d’équipements la nuit,
et en l’absence de toute notion de sauvetage, lorsque l’incendie s’est généralisé à la toiture, attaquer hors du périmètre du bâtiment (comme pour une structure métallique). En tout état de cause, ne pas s’engager dans les volumes situés sous la toiture.