Chronique d'histoire : Incendie de Sainte Marie - Nice, 1875

Publié le 23 avril 2025

Il y a 150 ans, le feu de l’asile d’aliénés Saint-Pons de Nice

Cette page d’histoire d’avril 2025 nous ramène dans le passé de quelques 150 années.

Nous sommes en avril 1875 et un incendie qui aurait pu produire un nombre considérable de victimes va se dérouler à Nice, sur la berge du fleuve Paillon.

Il est quatre heures du matin, ce 3 avril 1875, et à l’asile d’aliénés de Saint-Pons (aujourd’hui centre hospitalier Sainte-Marie), le malade Edouard HEBERT, vient, paniqué, réveiller la Sœur lingère. Le bâtiment hospitalier de quatre étages est envahi par la fumée d’un feu parti des cuisines de l’établissement qui abrite près de 300 malades.

S’accroupissant au plus près du sol pour se déplacer, les Sœurs de service vont tenter et réussir l’impossible : détacher les fous furieux et mettre en liberté à l’air libre les autres pensionnaires qui se retrouvent ainsi dans la campagne environnante. Nombre d’entre-eux ne comprennent pas la situation.

L’alerte est tardive, l’hôpital est à l’époque bien loin de la ville. C’est un nommé CARAVEL, enfermé pour avoir tué une jeune femme, que le Père CELESTIN, Supérieur de l’établissement, envoie demander du secours. L’homme remplit la mission et revient concourir à l’assistance générale, une conduite qui lui vaudra de retrouver la liberté.

 

Plan de travail 1Source : Le monde illustré - Bibliothèque Victor de Cessole - Nice

 A cinq heures, le premier détachement de pompiers, commandé par le lieutenant Camille BERNA, quitte le poste du quai du midi tirant les pompes à bras « au pas de gymnastique (en courant ndlr) » alors que le clairon rassemble le reste de la compagnie.

Arrivés sur place en une heure, nos pompiers sont confrontés à une situation dantesque : l’ensemble du bâtiment est en flammes et l’eau manque. Il est alors décidé de détourner le canal d’alimentation d’un moulin voisin pour alimenter l’unique citerne de l’hôpital afin de permettre la mise en batterie des pompes pendant que les gendarmes et les soldats du 111ème régiment d’infanterie de ligne tentent de rassembler les malades dispersés alentour.

L’extinction prend de longues heures et un acte d’héroïsme se retrouve relayé par la presse nationale.

Au troisième étage, un pauvre aliéné refuse de se laisser sauver.

Trois pompiers vont tout tenter… Avec du matériel de fortune, ils vont monter par l’extérieur, desceller les barreaux et essayer de convaincre le malade qui sans bouger périra dans le brasier au moment de l’effondrement du plancher.

 

Plan de travail 2Source : Bibliothèque Victor de Cessole - Nice

Cet incendie occasionne aussi le décès de deux autres malades qui meurent carbonisés et deux sapeurs-pompiers sont blessés durant l’intervention.

Le bâtiment sera totalement reconstruit à l’identique, il est encore bien visible aujourd’hui.

 

Plan de travail 3

Source : Bibliothèque Victor de Cessole - Nice

 Mais revenons à nos pompiers…

Dès le lendemain, la presse va s’étonner : « Comment dans une ville en grande partie composée de rues étroites et de vieilles constructions, où par conséquent le moindre incendie peut causer d’épouvantables ravages, on ne se donne pas la peine d’organiser le service des pompiers de façon à accélérer les secours ! A quoi songe-t-on donc si non à des matières aussi importantes ? Prévenus à 5 heures, les pompiers sont arrivés à St Pons à 6 heures, sans avoir pu trouver un cheval pour les porter plus vite et traîner leurs pompes. Est-ce que chaque dépôt de pompe ne devrait pas avoir son écurie ? Les pompiers sont arrivés là-bas fatigués, épuisés, en sueur ; il a fallu que sans reprendre haleine ils se mettent aussitôt à attaquer le feu. Nous trouvons qu’il n’y a là ni sollicitude pour le public, ni humanité pour des braves gens qui ne sont récompensés de leur dévouement à toute épreuve que par la satisfaction de s’être rendus utiles à leurs concitoyens. » (Le journal de Nice du 4 avril 1875).

Effectivement quelques mois plus tard, de nouveaux matériels viendront renforcer la compagnie et permettre une évolution notable dans l’organisation des secours.

Nous en reparlerons en fin d’année, pour les 150 ans de l’arrivée à la compagnie de Nice de « l’avant-train », du « fourgon » et de l’échelle à coulisse de 13 mètres…

Alain Bertolo - 22 avril 2025  

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